L’herbe est toujours plus verte chez le voisin, de même que son assiette parait toujours meilleure... Pourtant, comme nous le rappelle cette magnifique chanson de Cabrel, il voulait trouver mieux que son lopin de terre et son vieil arbre tordu au milieu, mais il n’a pas trouvé mieux, malgré qu’il ait fait tout le tour de la Terre.

En clair, on aime bien regarder ailleurs et s’émerveiller, on envie son voisin pour ce qu’il a, et on en oublie ce qu’on a. Au niveau protection de l’environnement, c’est un peu la même chose. De nombreuses associations et campagnes existent pour protéger les tigres, pandas, koalas, lions, éléphants, singes, rhinocéros, ours blancs, j’en passe et des meilleurs, de très nombreuses espèces ont le soutien du grand public, mais ces espèces ont en point commun le fait qu’elles ne vivent pas chez nous...

Il est facile de critiquer son voisin parce qu’il ne protège pas un animal qu’on juge beau, mais ce n’est que de l’hypocrisie quand, en même temps, on ne protège pas les animaux locaux. Et ils sont nombreux !
Qu’il est confortable de soutenir de loin des combats qui ne nous concernent pas. On donne quelques euros par an, et voila notre conscience soulagée...
Cela reste une bonne action, certes, mais elle est hypocrite du moment qu’on n’arrive pas à cohabiter soi-même avec certains animaux.
Par exemple, on demande à certaines populations de cohabiter avec les éléphants, même si ils peuvent provoquer des dégâts ; mais si en même temps on fait appel à des piégeurs pour tuer la fouine ou le renard qui rode près de chez soi, mieux vaut regarder la poutre de son œil avant de critiquer la paille de l’œil du voisin.

Idem avec les tigres qu’on demande de protéger à tout prix ; quand, à côté, on fixe des quota pour tuer du loup, espèce protégée au même titre que le tigre, on peut se demander si la demande de protéger les tigres n’est pas de l’humour noir...

Et malheureusement, des exemples comme ça, il y en a à la pelle : si cela ne concernait que quelques espèces, pourquoi pas, mais entre les espèces gibiers, les espèces nuisibles et les exotiques, la liste est très longue, et d’autant plus scandaleuse car, dans cette longue liste, il y a de nombreuses espèces en déclin ou même protégées, que ce soit en France comme le loup, ou ailleurs en Europe : quel intérêt de protéger une espèce dans un pays si le pays voisin en fait des cartons ?

Alors, protéger les espèces exotiques, oui, bien sûr, elles en ont besoin. Mais pas au détriment de nos espèces locales, elles ne sont peut être pas aussi charismatiques, pas aussi grandes, grosses ou craquantes ; mais elles restent tout aussi importantes que n’importe quelle espèce existante, et c’est avant tout par des protections locales, par les populations côtoyant les animaux, que les choses pourront changer., et cela se passe aussi par chez vous.