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Le miel est-il végan ?
Un exemple des contradictions que peuvent avoir les végans.
Mise à jour : suite à cet article, j’ai développé l’article "Campagnes contre le miel : vérités et réalités", à lire
Voici un article qui nous donne 3 raisons de ne pas manger de miel.
Fidèle au dogme des végans qui est le bien être et la non exploitation animal, l’auteur commence par nous dire que ça va à l’encontre du bien être des abeilles. Hélas, première phrase, première erreur : il prétend que les apiculteurs chassent les abeilles de leurs ruches, ce qui est faux, en tout cas en Europe et dans la majorité des cas.
Oui, il y a quelques siècles, pour récolter le miel, on devait détruire la ruche, mais depuis l’introduction des ruches de production, ce n’est plus le cas.
Seconde erreur : prétendre que l’apiculteur prend la totalité du miel pour le remplacer par du sirop de glucose. Double erreur par ailleurs : d’abord, ce n’est absolument pas du sirop de glucose qui est utilisé -c’est un sirop essentiellement utilisé par les agro-industries, on ne peut l’obtenir que par hydrolyse- mais un simple mélange d’eau et de sucre ; sucre dont les abeilles raffolent. Bien sûr, sa capacité nutritive est bien moindre que le miel mais on est loin du sirop chimique.
De plus, aucun apiculteur ne prend tout le miel, ils en laisse forcément aux abeilles pour qu’elles puissent survivre durant l’hiver.
D’ailleurs, autre erreur, l’affirmation que le remplacement d’essaims revient moins cher que son entretien : c’est de moins en moins vrai, un seul essaim coûte entre 120 et 150€, en comparaison du prix du sirop préparé ou acheté, je doute qu’il y ait beaucoup d’apiculteurs qui hésitent, surtout que durant l’hiver, l’apiculteur n’a rien à faire, il a juste à veiller qu’il y ait suffisamment de réserves avant l’hiver ; une fois l’hiver arrivé, il ne touche plus aux ruches.
Ceci dit, ce fut vrai à un moment, mais le syndrome d’effondrement des abeilles a un peu modifié la donne.
En ce qui concerne la coupe d’ailes des reines, hélas, c’est vrai, mais je ne pense pas que ce soit souvent le cas dans la mesure ou cette pratique est surtout utilisée par des professionnels, et vu qu’il y a plus d’amateurs que de professionnels... Mais certains amateurs réalisent aussi cette pratique.
Le second point de l’article est le summum de la contradiction du végan qui ne veut absolument pas exploiter les animaux. Et pour cela, il est prêt à importer du miel venant du Canada, du Mexique et d’Amérique du Sud, avec tout ce que ça coute en terme de transport, sans même évoquer le fait des éventuelles monocultures qui peuvent s’y pratique en cultivant ces miels.
Consommer localement, c’est une des clés pour la décroissance, et ce n’est pas en utilisant des miels qui viennent d’ailleurs que les choses évolueront correctement. Si vous voulez concilier les deux, autant vous fournir auprès d’un apiculteur respectueux du bien être de ses abeilles, vous verrez, il y en a plus que vous ne pensez.
Quant à la perte de biodiversité... Euh, lol ? Il est vrai qu’une colonie d’abeilles impressionne de par son nombre -entre 50000 et 60000 abeilles en moyenne au plus fort de son activité- mais leur impact sur la biodiversité est faible, voir, est contraire à ce que prétend l’auteur de l’article, puisqu’en pollinisant les fleurs, elles vont aider à leur développement pouvant attirer d’autres insectes.
Étant strictement végétariennes, l’abeille ne vole le territoire de personne, et quant à leur consommation de nectar, les fleurs en propose suffisamment, il suffit de voir n’importe quelle fleur pour réaliser qu’il y a bien d’autres insectes que l’abeille qui en profile.
Et quand l’article indique que certaines espèces ne peuvent être pollinisés que par un seul type d’insecte, il a tout à fait raison, et aurait du réaliser qu’alors, les abeilles n’ont aucune influence sur ces pollinisateurs, puisqu’elles ont une langue "moyenne", qui n’est pas spécialisée dans les fleurs trop profondes ou trop complexes, et qui pourront toujours être utilisées par les insectes de cette niche, qu’il y ait des abeilles ou non.
Ceci dit, il y a quand même une limite dans l’implantation des ruches, un optimum : si il y a trop d’abeilles sur un secteur, elles n’auront pas assez à manger, et la plupart de ses colonies périront ; il en sera vraisemblablement de même pour les autres insectes pollinisateurs. Mais ce cas est rare pour deux raisons : d’abord, parce que la plupart des apiculteurs sont des amateurs qui possèdent moins de 10 ruches et ensuite, parce que les professionnels jouent justement sur cet optimum et déplace leurs ruches pour spécialiser leurs miels, laissant par la même occasion de la place aux autres pollinisateurs.
Ne pas exploiter les animaux ne signifie pas qu’il ne faut pas relativiser sur les pratiques les exploitant, ni qu’il faut à l’opposé consommer fruits et légumes sans se préoccuper de leur impact sur l’environnement par leur culture et leur transport.
Être végan et aller au bout de ses convictions reste malheureusement un parcours du combattant ou rien n’est si simple, et ou même les denrées végétales peuvent aller à l’encontre de l’environnement...