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Le LAMS, Laboratoire d’Analyse Microbiologiques des Sols

Nous avons l’honneur de « recevoir » (par écrans interposés) Sébastien Laprévote, collaborateur de Mme Lydia et M. Claude Bourguignon, dirigeants du LAMS, Laboratoire d’Analyse Microbiologiques des Sols.

Ils ont quitté l’INRA pour se mettre à leur compte, suite à leur mise en évidence de la mort des sols : l’INRA leur avait demandé de se taire. Depuis, le LAMS tente de dénoncer l’absurdité de la pratique agricole actuelle, et surtout, de la remplacer par une méthode qui serait enfin respectueuse des sols et de l’environnement en général.


Lelision : Tout d’abord, bonjour, et merci pour avoir accepté cette interview.


Votre site web, http://www.lams-21.com, est spécifiquement axé pour les professionnels de la terre : agriculteurs, vignerons. Votre institut suit par ailleurs de nombreux domaines agricoles, et vous vous efforcez à prôner votre nouvelle agriculture afin que les anciennes pratiques cessent, au profit de techniques respectueuses de la terre. C’est légitime dans le sens où ces exploitants ont affaire à des surfaces très grandes. Cependant, vous ne vous penchez pas sur le cas des particuliers, qui possèdent pourtant bon nombre de jardins et lots de terre. Pourquoi ?


Sébastien Laprévote : Nos clients sont essentiellement des professionnels, (agriculteurs, vignerons, terrain de sport, maraîchers...), mais aussi parfois des particuliers. Mais au vu de nos prestations en terme de services et de coûts, les particuliers font moins appel à nos services. Nous sommes une petite structure privée et ne recevons aucune aide extérieure, et nous devons par conséquent assurer la pérennité du laboratoire.


 


Alors, que conseillez-vous aux particuliers ? Même chose que pour les professionnels, à savoir, arrêt du labour et de la destruction systématique des plantes ?


Les particuliers peuvent mettre en oeuvre différentes pratiques pour le jardinage : BRF, semis de couverts en automne... Vous pouvez conseiller une brochure très explicite sur le sujet, aux éditions Soltner , ou il y a de très bon conseils. En effet, il est tout à fait possible de faire du jardinage sans labour, et relancer l’activité biologique des jardins.


 


Mais dans le cas d’un jardin, ne serait-ce pas beaucoup plus compliqué à mettre en place, dans la mesure où les variétés sont rarement locales (tomates, patates, carottes, salades…) ?


Une variété locale est conseillée, mais pas forcément obligatoire. Ceci dit il est préférable tout de même d’utiliser des lignées, et non des hybrides. Ainsi il est possible de récupérer des graines (de tomates par exemple), et de les ressemer. Ce n’est absolument pas plus compliqué à mettre en oeuvre dans un jardin, qu’en grande culture. Il faut simplement changer de pratiques culturales, et c’est souvent ici que se pose le problème majeur, car un changement de pratique culturale ne se fait que lorsque la personne est prête à le faire.


 


Est-il possible de mettre en pratique vos dires avec plusieurs variétés de fruits et légumes ? Votre solution est basée sur l’échange de plantes, et d’une couverture végétale. Mais lorsque l’on a affaire à des fruits et des légumes qui sont mûrs à différentes périodes, du à des fruits et des légumes pas forcément compatibles, allant du printemps à l’automne en général, n’est-ce pas irréalisable à mettre en pratique ?


Sur ce point, il faut bien sur organiser son jardin en fonction de ce l’on y cultive, et ne pas tout mélanger. Certaines plantes vivent très bien avec d’autres, et d’autres qu’ils ne faut surtout pas associer.. La liste est longue, et vous trouverez pas mal d’explication dans les brochures Soltner.


 


Ne faut-il pas alors supprimer des variétés de fruits et de légumes afin de se concentrer sur une seule période ?


Non au contraire, cela permet de faire une meilleure rotation, il est tout à fait possible par exemple de cultiver une plante (fruit ou légume) avec un cycle long, et de mettre à coté une plante à cycle court, suivi d’une autre plante à cycle court...


 


Au niveau des traitements, le jardinier lambda utilise souvent du Round-up. Pour ce genre de produit, il paraît évident, de nos jours, de ne plus en utiliser. Mais en ce qui concerne les anti-limaces ? La poudre pour les fourmis ? Faudrait-il laisser les plants mourir ou être dévorés ? Certaines années, les destructions sont sévères. Existe t-il des solutions alternatives ?


Oui il existe des solutions alternatives, par exemple pour les limaces il suffit d’entourer la plantes concernée par ce ravageur par un fil de cuivre dénudé sur le sol, les limaces ne passent pas par dessus... Cultiver quelques plants d’ail, de capucine ou de marjolaine à proximité du potager (ou dans le potager) et des arbres fruitiers aident à éloigner les fourmis. Vous pouvez aussi placer sur les arbres fruitiers une bande autocollante tout simplement. Des solutions existes, parfois simples. De plus avec un jardin cultivé sans labour, un certain équilibre biologique se crée et on observe par la suite une diminution de la pression des ravageurs, qui retrouvent des prédateurs naturels.


 


Et au niveau de l’arrosage ? La plupart des jardiniers, par temps sec, arrosent régulièrement, le soir venu. Cette eau est donc en majorité perdue du fait de la nudité des sols ?


Un arrosage sur une terre nue est effectivement beaucoup moins efficace que sur un jardin composté ou avec du BRF, qui retiennent beaucoup plus d’eau dans le sol, et ou les arrosages deviennent moins nécessaire. Sur sol sec et généralement chaud (même le soir), on un grande partie de l’eau qui part par évaporation.


 


Pour élargir un peu le sujet, au niveau des pelouses, le problème est-il le même ? Car, pour des questions esthétiques, les pelouses sont souvent uniformes, traitées et arrosées… Ces pelouses n’ont alors pas vraiment de valeur écologique ? Peut-on les remplacer ?


Oui, le problème au niveau des pelouses est bien le même... Les personnes veulent souvent une pelouse du type green de golf, or il est impossible d’y arriver sans traitements. D’autant plus que les déchets de tonte sont toujours exportés, et donc à la longue le sol s’épuise. L’idéal serait d’avoir une pelouse plutôt "naturelle", avec plusieurs espèces de plantes et une tonte pas trop courte pour laisser une certaine biodiversité s’y installer, et aussi laisser les résidus de tonte sur place. Ce qui est d’une certaine façon un peu moins esthétique pour certain, mais une pelouse diversifiée à tout son charme aussi, elle forme un ensemble avec le jardin.


 


Au niveau du compost : les particuliers possèdent souvent un lieu de compostage, où ils mettent leurs déchets verts. Mais là aussi, déchets verts ne veut pas forcément dire déchets locaux. Par exemple, jeter des kiwi dans le compost est-il recommandé ? Ou des bananes, des dattes… ?


Oui vous pouvez mettre ces déchets organiques dans le tas de compost, même si ce sont des produits d’origines étrangères, ce n’est pas grave, cela reste de déchets verts. Et normalement le compostage est un très bon moyen pour assainir les matières organiques fraîches.


 


Que peut-on faire pour favoriser ces nouvelles pratiques ? Même en en parlant autour de nous, il est difficile de se faire entendre, les gens sont sceptiques et préfèrent ne pas changer leurs habitudes…


Voila bien une problématique importante dont je vous parlais un peu plus haut, il est évident qu’il faut faire de la sensibilisation autour de nous, ce que le laboratoire fait depuis plus de 20 ans... Donc ce n’est pas facile, et les changements ne se font que lorsque les personnes sont prêtes mentalement. C’est aussi en voyant des personnes dans l’entourage qui réussissent à produire d’une autre manière et obtenir de bon légumes que les mentalités changent.


 


Pour finir, comment peut-on rapidement remettre à neuf son jardin ? En amenant des vers de terre ? De l’engrais ? Ou faut-il être patient et attendre plusieurs années avant que son jardin ne devienne riche biologiquement ?


Pour relancer son jardin, il faut commencer par semer un engrais vert pour l’hiver, mais maintenant il est un peu tard. Apporter du compost de déchets verts qui contienne au maximum 20% de résineux. Dans un jardin, la remise en marche de l’activité biologique est souvent plus rapide qu’en grande culture. Essayer de vous renseigner auprès de déchetterie de votre entourage pour voir s’il n’y a pas de compost ou autre...


 


Merci à Sébastien Laprévote pour ses réponses et son temps.
Interview réalisée le 24.10.11.

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En savoir plus : Lams
Date de rédaction : 1er septembre 2013

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