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La torture des nuisibles

Certains considèrent certaines espèces comme des nuisibles, qu’il faut donc nécessairement réguler ou détruire pour obtenir un équilibre, l’espèce nuisible pouvant potentiellement provoquer des dégâts. Cette vue de l’esprit, déjà critiquable, justifie t-elle la torture ?

Qu’est ce qu’un nuisible ?

Le concept même de "nuisible" porte à discussion. Est considéré comme nuisible tout organisme causant des dommages aux cultures ou dont tout ou partie des activités a des effets considérés comme nuisant à la santé publique et/ou au bon déroulement de certaines activités humaines (agriculture, pisciculture, gestion cynégétique, sylviculture...) (wikipedia)
On peut ainsi voir que le concept de nuisible n’a de sens que pour quelques activités humaine, activités exploitant la nature, en dépit des autres activités, sans même parler des écosystèmes totalement ignorées.
De plus, la logique du nuisible peut se contredire elle même : par exemple, le renard est considéré nuisible pour les chasseurs, de par sa "concurrence", mais de par sa consommation de souris et campagnols, il est utile aux agriculteurs. Difficile d’être utile et nuisible à la fois...

Pourquoi sont-ils nuisibles ?

Le problème n’est pas vraiment qu’ils causent des dégâts, isolés, leurs dégâts restent marginaux. Le souci, c’est que, comme toutes les espèces, ils s’adaptent en fonction des ressources, et vu qu’ils peuvent avoir plusieurs portées par an, pouvant donner jusqu’à une dizaine de petits à chaque portée, leur population va rapidement se multiplier pour littéralement exploser. Face à nos monocultures et à nos sociétés basées sur la quantité, pour des questions de coûts et de simplifications, les nuisibles peuvent causer d’importants dégâts de façon très rapide, d’où leur problématique.

Que faut-il faire à part les détruire ?

La solution la plus préconisée face aux espèces endommageant nos cultures, c’est leur éradication. Cette solution est critiquable d’un point de vue moral, mais peut-on faire autrement pour préserver nos cultures ?
Le but n’est nullement de laisser nos cultures se faire consommer intégralement par d’autres espèces. Pourtant, sans pour autant systématiquement les massacrer aveuglément, il existe des solutions alternatives, notamment la protection des cultures, mais aussi, l’utilisation intelligente de la nature, et non pas sa simple et bête exploitation. A comprendre, utiliser la nature tout en lui rendant service en en faisant profiter une ou plusieurs espèces : pourquoi gaspiller de l’argent et des ressources à pulvériser des insecticides sur vos rosiers quand il suffit de "profiter" de coccinelles vous faisant le travail de façon bien plus écologique ?
Ainsi, tout ou presque a sa solution écologique, que ce soit par le biais de plantes (celles qui attirent les limaces, par exemple), mais aussi de faune, comme des insectes, oiseaux, mammifères.
Dans tout les cas, il faut noter que les populations suivent toujours celles de leur nourriture : une année favorable à une espèce va augmenter de façon importante la population de ses prédateurs, qui vont, dès l’année suivant, faute de ressources suffisantes, s’effondrer puis se stabiliser : la surpopulation d’une espèce ne peut jamais durer bien longtemps.

Des faux nuisibles

A distinguer des nuisibles réellement destructeurs que l’on doit nécessairement limiter, principalement des insectes comme certaines chenilles ou les termites, en passant par les insectes pullulant dans les monocultures -mais ça, plus qu’un problème de nuisibles, c’est un problème de culture, mais c’est un autre sujet- on peut y distinguer les nuisibles controversés, qui ne causent que peu de dégâts directs, et qui pâtissent surtout d’une mauvaise réputation. Le meilleur exemple dans ce domaine reste, en France, le renard, mais on pourra citer aussi la pie, le corbeau, la corneille, la martre ou la fouine, qui ne causent des dégâts que très limités et ne sont bien souvent nuisibles qu’à une seule activité humaine, ou supposé comme tels. Certains animaux sont ainsi exterminés alors même que leur augmentation d’effectifs est directement du à nos activités, et nous servent : combien d’habitants excédés demandent à leurs mairies de détruire les nids de corneilles qui se sont installés à proximité de leurs habitations, pullulant notamment grâce aux nombreux déchets générés par ces mêmes habitants ? Comment parler de surpopulations et de nuisances des sangliers quand les chasseurs les engraissent consciemment pour maintenir voir augmenter leurs effectifs ?
En dehors de la controverse de leur statut et de leur sort, il y a une chose encore plus ignoble : leur mode d’exécution.

Maltraitance, torture, exhibitions gratuites et macabres

Admettons qu’on puisse estimer qu’il n’est pas possible de faire autrement que de "réguler" les espèces considérées comme nuisibles. On l’a vu, c’est sujet à controverse et on peut ne pas être d’accord avec cette vision des choses, mais cela peut se défendre et se discuter.
Par contre, les modes d’exécution sont bien souvent indéfendables à tout point de vue. Qu’on tue l’animal est déjà sujet à débat, par contre, qu’on le tue en lui infligeant des sévices, avant ou après sa mort, ne devrait même pas être envisagé et être condamnable. Or, en l’état actuel des choses, il n’en est rien : les tueurs peuvent torturer, pendre, mutiler, dépecer, exhiber, narguer, démembrer ; faire tout les sévices possibles et imaginables, sans être inquiétés par personne, au contraire même, puisque certains n’hésitent pas à menacer celles et ceux qui émettraient le moindre jugement négatif sur leurs pratiques.
Et n’oublions pas les massacres carrément mis en avant, comme le ch’ti fox day ou cette manifestation ou quelques agriculteurs ont massacré des ragondins devant caméras.

En France, le renard reste l’un des "nuisibles" les plus persécutés, entre 600000 et un million d’entre eux étant tués chaque année...

Pas que les nuisibles

Et hélas, ces maltraitances et tortures ne sont pas uniquement réservés aux espèces considérés comme nuisibles : certaines personnes peuvent faire de même face aux espèces "gibiers", mais aussi face aux animaux de ferme ou même, domestiques. Mais pour ces derniers, des lois existent et peuvent condamner les tortionnaires. Pourquoi pas pour les autres espèces ? Pourquoi donner le droit à la vie à la mort à certaines espèces, et surtout, le droit d’en maltraiter la majorité quand une minorité est protégé par des lois ? Les chiens et les chats sont en surpopulation quasiment constante, pourtant, les torturer ou les tuer est interdit et condamné, ce qui est normal.
En réalité, condamner ces actes, quelle que soit l’espèce, ne serait-ce pas, avant tout, une mesure de bon sens et de protection pour l’humanité ? En obligeant l’humanité à réprimer ses pulsions meurtrières, ne deviendrait-elle pas meilleure ?
Ce n’est pas en vivant à l’opposé de toutes les autres espèces qu’on pourra nous nommer "sapiens", pas plus en n’en protégeant qu’une poignée, surtout si cette poignée est protégée par intérêt.

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Date de rédaction : 27 mai 2015

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