Ce week-end de Pâques aura démarré sur les chapeaux de roue pour la corrida : 37 taureaux tués avec plusieurs corridas et, à l’opposé, une manifestation anti-corridas à Arles, avec une vingtaine d’anti corridas placés en garde à vue. Mais que se passe t-il vraiment au niveau de ce "divertissement" ?

Tout d’abord, contrairement à ce qu’on peut lire du côté des anti, la fréquentation n’est pas forcément en baisse : certaines villes ont même vu le nombre de spectateurs énormément augmenter. Cela ne signifie pas pour autant que les corridas sont rentables, le nombre de spectateurs augmente forcément si l’on augmenter le nombre de corridas, mais pour savoir si c’est rentable, il faudrait qu’on sache combien de spectateurs il y a à chaque spectacle, et combien coûte une corrida : très peu d’infos filtre sur ce sujet tabou, difficile donc de dire si la corrida est déficitaire ou non, mais au vu des coûts d’une corrida, il est certain qu’il faut que le stade soit quasiment rempli pour être rentable, ce qui est loin d’être le cas.

Ensuite, du côté du "spectacle" : il suffit de creuser un peu pour découvrir toutes les pratiques honteuses de ce spectacle bien plus proche d’un mix entre boucherie et catch que de sport.
Reste que de nombreux spectateurs s’y déplacent pour y assister, si ce n’était pas le cas, la corrida n’existerait plus depuis longtemps.

Du côté tradition, la corrida est apparue en France en 1852, importée par une impératrice espagnole. Peut-on réellement parler de tradition si c’est importé ? D’autant plus si cette tradition n’est pratiquée que par une partie du pays...
Mais surtout, la tradition est le meilleur moyen de ne rien changer. Sous couvert de tradition, on aurait pu continuer à faire des combats de gladiateurs, des mises à mort sous guillotine, brûler des femmes jugées sorcières... Mais on ne l’a pas fait, pour une raison fort simple : l’évolution des mœurs. Une pratique réalisée par habitude n’est pas forcément une bonne pratique, même si cette pratique est réalisée depuis des siècles. Ou alors, on en serait toujours à affirmer que le soleil tourne autour de la terre.

Quand aux affirmations de combat noble ou autres "c’est mieux qu’il meurt de cette façon qu’anonymement", du fait de l’arnaque des combats, le taureau ne meurt pas de façon noble, et surtout, le taureau n’est pas un animal violent, c’est un herbivore qui ne charge que dans des conditions rares.
De plus, contrairement à nous, les animaux n’ont aucune envie de devenir riche ou célèbre : leur simple vie leur suffit, et si ils ne peuvent échapper à la mort, ils lui font face en vivant simplement.

Et pour finir, que pensez des manifestations anti-corrida ?
On peut leur reprocher de perturber un spectacle légal que des gens ont payé, certes. Mais dans tout les cas, les manifestants ne sont jamais violents, sont très fortement encadrés par la police et ne sont jamais écoutés en dehors de ces manifestations : tout le monde se fout royalement des corridas et de ce qu’endurent les taureaux (et les chevaux) pour le plaisir d’une poignée qui se délectent du sang d’innocents, alors, mis à part les manifestations, que leur reste t-il ? Pas grand chose, les recours légaux sont systématiquement mis de côté car les institutions ont été depuis longtemps investis par les amateurs de corridas, même si ils sont minoritaires.

Reste donc les manifestations, et pour éviter de se faire huer par l’opinion public et éviter d’être hors la loi, les anti-corridas ont depuis le début évité toute violence, ce qui est loin d’être le cas des pro : les anti sont régulièrement pris à parti de façon verbale voir physique, pour finir par se retrouver en garde à vue, légitimant de ce fait les pro corridas et la violence.

Alors pour le moment, on prend les mêmes et on recommence. Les anti continueront de manifester, les pro continueront de molester les anti et de réaliser des corridas, la justice continuera de s’en prendre aux pacifiques anti qui n’ont d’autres buts que de voir un spectacle honteux, basé sur la violence, la torture, le lynchage et la mort, abolit. L’évolution des moeurs est lente, mais profonde : il est à parier que la corrida ne sera plus qu’on honteux souvenir dans quelques décennies, en attendant, le combat continue, au détriment de tout les taureaux tués.