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La crise du lait ou la crise de l’agriculture ?

Le secteur de l’agriculture fait une nouvelle fois face à une crise. Ou plutôt, la crise continue.

Cette fois, c’est la crise du lait. Après la crise des éleveurs bovins, des éleveurs porcins, les agriculteurs sont encore en crise.
Avec toujours le même problème : pas assez de rendements, marges trop faibles.

Le problème est récurrent et concerne toujours le même secteur, l’agriculture. Les éleveurs sont les plus touchés, que ce soit les matières premières ou secondaires.
Derrière les problèmes financiers des agriculteurs, il y a surtout une surproduction locale et une concurrence trop forte. En fait, la concurrence est mondialisée. Les concurrents sont les pays aux revenus beaucoup plus faibles qu’en France, entraînant forcément des prix moins élevés ; mais aussi les pays favorisant la production de masse, intensive, provoquant une baisse des marges mais une augmentation des ventes. Le prix du transport étant dérisoire, il ne joue que très peu sur le prix final.

Ainsi, en France, on peut trouver de nombreux produits issus de nombreux producteurs de nombreux pays. Le prix étant –hélas- souvent l’élément le plus déterminant quant à la décision de l’achat, les prix les plus bas vont être favorisés. Ainsi, cela oblige les producteurs locaux à diminuer leurs marges, rendant leur activité de moins en moins rentable.
Cette stratégie n’a aucune chance d’aboutir, il paraît évident que les plus gros producteurs et ceux ayant des trains de vie moins élevés auront raison des producteurs locaux, parce que ces derniers ne peuvent augmenter leurs surfaces de production de façon illimitée, de même qu’ils ne peuvent pas baisser leurs marges en dessous d’un certain seuil, seuil fixé par le train de vie du pays.

La solution employée par ces producteurs ? La grève, exigeant que les distributeurs les payent plus, pour augmenter leurs marges et devenir plus rentables.
Certes, en voyant un graphique sur les marges, datant de 2015 et concernant la viande, mais à peu de chose prêt identique pour le reste, on comprend la réaction des agriculteurs et leurs exigences.
Mais le fond du problème, ce ne sont pas les marges des différents acteurs, mais bien le prix tout entier ! Prix qui est déterminé par rapport à l’offre et à la demande théoriques, qui ne sont absolument pas adaptées aux réalités.
La production d’abord, parce qu’elle n’est pas déterminée par l’offre réelle, mais au meilleur acheteur. A comprendre, il y a des millions de personnes qui meurent de faim, et pourtant, régulièrement, à cause de « surproduction », en réalité, des produits invendus, au prix trop peu élevé, les aliments sont jetés.
Concernant la demande, dans une société de surconsommation, elle est plus théorique que réelle, nos sociétés forçant les consommateurs à acheter toujours plus, quant bien même ils n’ont aucune utilité à le faire. Rien qu’en France, 1,2 à 6 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année.

Les producteurs veulent donc une revalorisation de leurs marges mais sans jamais remettre à aucun moment le mode de production qui est le véritable problème. Surproduction, baisse des prix, augmentation des terres de production, qui vont engendrer une nouvelle baisse des prix et toujours plus de surproduction, mettant sur la paille de plus en plus d’agriculteurs, faisant émerger des monopoles qui pourront librement fixer leurs prix, et tout cela est accentué par la concurrence qui entraîne le même résultat.

Ils ne remettent pas en question la libre concurrence qui casse les marchés, ni les subventions qui dérègle le marché et l’alimente artificiellement, ne remettent pas en question leur filière, et ils remettent encore moins en question leur mode de production qui est basée sur le tout chimique et mécanique, détruisant leurs terres et l’environnement pour un résultat des plus médiocres, puisque forcément basé sur le court terme. Si court qu’on en arrive au bout, mais sauront-ils le voir ? Auront-ils la force et l’intelligence d’opter pour une souple transition, à défaut de l’avoir vu venir ?

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Date de rédaction : 5 septembre 2016

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