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Mieux connaitre les animaux pour toujours plus les exploiter

Le naturaliste est souvent perçu comme une personne érudite à propos de la nature. Mais ses connaissances sont-elles un réel savoir ou simplement une vision figée de l’humanité vis-à-vis de l’environnement ?

Il faut bien différencier le naturaliste du scientifique. Le scientifique va disséquer les animaux et les étudier de façon séparée, que ce soit les éléments de leurs corps ou par rapport à leur environnement. Les données extraites de cette recherche seront de simples chiffres qui n’auront que peu de rapport à leur environnement. Idéal pour connaître le fonctionnement interne, les organes notamment, mais très limité pour le reste.

Le naturaliste, lui, va étudier l’animal dans son milieu, va tenter de comprendre l’animal, de se mettre à sa place, ce qui est une évolution notable par rapport au scientifique, mais ce travail sera essentiellement fait dans un but de classement, d’archivage.
Trouver sa famille, son espèce, ses mœurs. Comprendre l’animal, pour immédiatement l’étiqueter dans une catégorie toute faite, ou en créer une nouvelle si aucune ne correspond. Et c’est ainsi que nous connaissons plusieurs centaines de milliers d’espèces, et savons qu’il en existe encore des millions à trouver.
Bien que l’idée originale soit une bonne idée, les naturalistes ne sont-ils pas été trop loin ? Quand on voit des dizaines d’espèces différentes décrites pour un animal pourtant similaire, à un ou deux détail près ? Quand on sait que la technologie actuelle permet de pousser toujours plus loin cette recherche de nouvelles espèces jusqu’à la génétique ? A quoi bon différencier une espèce à une autre si les mœurs sont identiques ?
Et sont-elles vraiment identiques ? Nos livres et encyclopédies détaillent les animaux de façon statiques, avec une description du corps, de leurs couleurs, de leurs mœurs de façon générales, mais jamais ils ne parlent de leurs adaptations par rapport aux conditions climatiques ou aux nouvelles espèces.

Le naturaliste a évolué depuis, et certains se sont plus concentrés sur les spécificités des espèces : quelques uns passent leur vie dans l’étude d’une espèce précise pour en apprendre toujours plus. Hélas, la plupart continue de se cantonner à un archivage des données, qui passera bien souvent par la destruction ou la perturbation des espèces trouvées.
Par exemple, c’est grâce aux naturalistes de terrain qu’on a pu entrevoir la taille de certains nids de fourmis, mais à quel prix ? La destruction complète du nid et de ses occupants.
Pour beaucoup de naturalistes, la connaissance a un prix, prix qui sera bien souvent la vie de l’animal étudié ; tout comme le scientifique. Le naturaliste va ainsi sacrifier bien des animaux pour apprendre à mieux connaître leur comportement. Sacrifier ou entraver, en retirant par exemple l’œuf du nid d’une guêpe pour voir sa réaction. Intéressant d’un point de vue connaissance, mais ceci se fait en dépit de l’animal, qui risque sa vie à faire son nid afin de perpétuer son espèce. Est-ce bien indiqué ?
Peut être suis-je trop idéaliste, et certains me rétorqueront que sans ces expériences, on ne saurait pas grand chose de ces espèces, et que ces sacrifices sont négligeables par rapport aux nombre d’animaux, qu’ils n’entravent pas la viabilité de l’espèce et que de toutes façons, même sans notre intervention, la plupart des animaux mourront de leurs prédateurs ou par accidents.
Certes, mais ces connaissances sont-elles si indispensables ? Apprendre les mœurs générales des espèces ne suffit donc pas ? Il ne me parait pas utile de savoir quelles adaptations l’animal adoptera dans une situation donnée ; le simple fait de savoir que l’animal a une capacité d’adaptation suffit, et en définitive, tout les animaux possèdent une capacité d’adaptation, et tous ne réagiront pas forcément de la même manière.

Mais le pire, lorsque nous avons sublimer notre relation avec une espèce, comme le cheval ou l’abeille, c’est uniquement pour mieux l’exploiter ! Quand enfin on arrive à comprendre une espèce, quand on l’a suffisamment étudié, quand on a regroupé suffisamment d’éléments, on peut en tirer une connaissance suffisante pour comprendre l’espèce, et réagir en conséquence.
Et que fait-on de ces super connaissances ? On les utilise pour sublimer notre relation avec l’espèce ? Pour mieux combler ses besoins ? Au contraire : on les utilise uniquement dans notre intérêt.
On va ainsi donc exploiter les abeilles jusqu’à les forcer à faire des nouvelles reines, de la cire, du propolis, du pollen ou des essaims, en dépit de leurs besoins réels. Certes, les apiculteurs qui font ça vont les aider en retour pour éviter qu’elles ne meurent de faim ou de soif, mais pas pour leur intérêt : uniquement pour mieux continuer à les exploiter, comme le font les éleveurs...

Pour les chevaux, c’est la même chose : on pourrait penser que les chuchoteurs de chevaux sont des personnes qui ont une relation intime avec les chevaux, mais il n’en est rien : les chuchoteurs de chevaux se servent de leurs connaissances uniquement pour faire faire aux chevaux ce qu’ils veulent.

Bien sûr, chuchoteurs et apiculteurs peuvent aimer les animaux qu’ils élèvent, ou plutôt, la plupart aiment leurs animaux, sinon, ils n’en aurait pas fait leur métier. Mais l’amour d’une espèce doit-elle forcément passer par son exploitation ? Peut-on réellement aimer une espèce et en vivre ? Notre dépendance vis-à-vis de l’espèce n’est-elle pas la fin de notre amour pour elle ? Ne voyons nous pas qu’il est très difficile de concilier notre amour à notre survie ? Il est indéniable que nous sommes toutes et tous égoïstes, et qu’en premier lieu, on pense à soi. Ce n’est pas une critique, c’est la réalité et c’est le cas pour la plupart des espèces, c’est ce qu’on appelle l’instinct de survie. Et justement, puisque nos sociétés sont basées sur l’argent, notre survie passe en partie par le capitalisme, si l’on veut vivre normalement, il nous faut de l’argent, et pour cela, dans la majorité des cas, on vit de notre travail. Mais si le travail est en relation avec la faune ou la flore, notre argent va dépendre d’eux, et ainsi, dans bien des situations, on va devoir les sacrifier au nom de notre métier. Même si l’éleveur aime les vaches, il va en sacrifier de façon annuelle, et exploiter leur lait. Le chuchoteur va forcer les chevaux à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire. L’apiculteur va manipuler les abeilles selon ses désirs et ses besoins de production, et non pas pour le bien être des abeilles.

On peut continuer les exemples longtemps, autant qu’il y a de métiers liés à la faune et à la flore. Pourquoi ? Parce que nos relations avec la nature découlent d’une vision faussée de celle-ci : nous pensons en être supérieur, et pensons qu’elle a été créée pour nous combler.
Avec une mentalité pareille, nous ne serons jamais en symbiose avec aucun animal : ce que nous pratiquons actuellement, c’est de l’exploitation pure et simple. A quand un changement ?

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Date de rédaction : 30 mars 2015

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