Parce qu ils sont ronds, fragiles et difficiles à manipuler, les oeufs sont rarement présentés au grand public. C est bien dommage car les détails de leurs motifs révèlent des beautés insoupçonnées. Déposés sur des arrondis aux lignes pures, ces dessins souvent minuscules mêlent arabesques, points, taches, ombres et même glacis. Les tonalités sont subtiles et souvent semi-transparentes. Mats ou brillants, poreux ou lisses, jamais ce qu il convient d appeler des chefs-d oeuvre sur coquille n ont conjugué le hasard et la nécessité avec autant d inventivité et de puissance. Car derrière l émotion, des questions : pourquoi ces couleurs ? Pourquoi ces formes ? Par exemple, pourquoi les guillemots pondent-ils des oeufs très pointus, ornés de dessins et de couleurs extrêmement variables, alors que les chouettes et les hiboux ont des oeufs quasi sphériques et parfaitement blancs ? Pourquoi les oeufs des tinamous sont-ils lisses et brillants comme de la porcelaine ? Pourquoi les oeufs des bouscarles sont-ils rouges, ceux des émeus presque noirs et ceux des accenteurs turquoise ? Pourquoi le kiwi pond-il un oeuf qui pèse près du tiers de son poids ? Le plus gros oeuf du monde pesait 9 kilogrammes. Y aurait-il une limite à la taille d un oeuf ? Mis au défi par ces objets parfaits qui réclament un éclairage parfait, le photographe Paul Starosta s est plongé dans les 30 000 oeufs de la collection Werner Haller conservée au Muséum d histoire naturelle de Genève. Vous tenez dans ce livre ses rencontres avec les plus intenses, les plus beaux oeufs du monde.
© Lelision - 2020