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Nos habitats sans vie

A force de tout standardiser, nos habitants ont peu à peu perdu toute vie, en dehors de la notre.

Nous n’avons jamais trop été aimant vis à vis de la faune et de la flore. Cependant, une fois que nous savions que certaines espèces ne nous étaient pas nuisibles, on a pu les accepter, à travers les âges.
Ainsi, pendant très longtemps, certains oiseaux pouvaient venir nidifier autour de nos habitats : moineaux, mésanges, hirondelles, voir, chouettes étaient tolérés, surtout parce qu’ils restaient discrets en nidifiant dans des coins peu utilisés.

Mais depuis quelques années, la donne a changé. Nous n’avons jamais autant détruit les habitats, nous n’avons jamais été si nombreux, exerçant une pression de plus en plus élevée par nos présences et nos habitats, et en même temps, nous n’avons jamais été si égoïste, si intolérants à la faune et à la flore "sauvages".
Nos habitats sont désormais construits de la façon la plus économe possible, mais aussi, de la façon la plus individualiste qui soit.

Nos maisons anciennement construites en plusieurs matériaux sont désormais quasiment intégralement fait de béton., et du minimum possible. Plus de décorations, plus de poutres qui dépassent, plus de design ; seul est considéré les pièces d’intérieur. L’extérieur n’a plus qu’un seul impératif : être le plus lisse possible, le plus neutre, le moins sauvage qui soit.
Ainsi, la maison rêvée de plus en plus de personnes, extérieurement, est une bâtisse de béton peinte à la couleur voulue, mais sans rien en plus.

Pas de plante, pas de faune, si ce n’est celle que l’on a soigneusement choisi et qu’on va tailler plusieurs fois par an.
Les plantes spontanées, par contre, seront directement considérées comme des mauvaises herbes et détruites sans plus de considération.
Et les animaux ? Ils n’ont plus leur place chez nous. On veut bien les voir passer pour faire joli, mais c’est tout. Pour leur nidification, c’est défense absolu. Imaginez : non seulement ils vont détruire le design de la maison, mais en plus, ils vont engendrer des déchets !

Résultat : les nids sont bien souvent détruits, quand bien même c’est interdit par la loi. Les gens n’acceptent aucune déjection sur sa façade, et préfèrent garder une façade bien "propre", ou plutôt, sans âme.
Exit les oiseaux, chauve souris et autres mammifères, et même les insectes puisque chaque nid sera rapidement détruit, même si on ne sait absolument de quelle espèce il s’agit.

L’intérieure, c’est pire encore. Pour "nettoyer", on nettoie. Ou plutôt, on détruit et tue tout ce qu’on le trouve.
Bien sûr, il est normal de nettoyer les endroits qu’on emprunte plus ou moins régulièrement, de même qu’il est logique d’enlever la poussière des meubles et d’autres endroits.
Mais pourquoi s’acharner à détruire les toiles d’araignées, même celles qui se trouvent dans les coins et endroits dont vous n’avez aucune utilité ?
Même ça, on n’en veut plus ! Nous ne voulons même plus de présence animale dans des endroits que personne n’emprunte, même aux endroits où personne ne va jamais.

Non ! Vous préférez être seuls dans votre habitat, sans aucune présence autre que celles que vous avez validés.
Résultat : nos maisons n’ont plus d’âme. Plus de vie, mis à part notre présence quand on est là, agrémenté de la télé, de la radio et du net, qu’on préfère largement par rapport à la vraie vie, à la nature, même la plus réduite qui soit.

Nous sommes des milliards. Mais des milliards isolés, sans accompagnement, sans vie. Des habitats et des villes sans âme, où les humains tout puissants ont décidé de vivre isolés, jusqu’à en mourir.

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Date de rédaction : 14 janvier 2019
Dernière modification : 4 octobre 2016

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