-Publicité-

Actualités

  • Imprimer le texte
  • Recommander cet article

Forêts ou lambeaux de forêts ?

Souvent, on peut lire qu’en France, la forêt va bien puisque sa surface augmente. Mais est-ce vraiment le cas ?

Les chiffres semblent bons : près de 30% du territoire français (hors départements d’outre mer, en les comptant, ce chiffre bondit à plus de 36%) est occupé par des forêts. Depuis 1850, la surface a doublé, 80 millions d’arbres sont plantés chaque seconde.

A lire ces chiffres, on part rassuré : ouf, les forêts françaises sont bien gérées !
Mais il n’en est rien. Derrière ces chiffres, il y a une réalité toute autre. Qu’est-ce qu’une forêt ? La définition qu’on lui prêt sent déjà l’arnaque : "Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, relativement grande, constituée d’un ou plusieurs peuplements d’arbres, arbustes et arbrisseaux (fruticée), et aussi d’autres plantes indigènes associées." (wikipedia)

En clair, avec cette définition, n’importe quelle surface ayant des arbres est considérée comme forêt. Y compris les forêts d’exploitation. Lorsque je parle de forêts d’exploitation, je parle de ces surfaces ou l’on plante un seul type d’arbre de façon plus ou moins alignée, que l’on "nettoie" régulièrement des branches tombées et où l’on coupe tout végétaux considérés comme non rentable et pouvant affecter la pousse des arbres visés, des forêts artificielles, finalement, comme ces alignements de sapins de Noël.

Vous allez me rétorquer que, dans ce cas, toutes les forêts françaises sont exploitées, et vous aurez raison. Il n’existe depuis longtemps plus de forêts primaires, sans intervention de l’être humain, en France ou même en Europe de l’ouest. Mais le degré d’exploitation varie en fonction des forêts. Certaines sont exploitées de façon ponctuelle quand d’autre le sont de façon intensive, ne laissant quasiment rien au "sauvage".

Mais le pire reste à venir : que la forêt soit exploitée de façon intensive ou non, toutes nos forêts ne sont en réalité que des lambeaux de forêts, et pour cause : 8 000 km pistes cyclables, 11 000 km de sentiers de randonnées , 500 km de pistes de ski de fond, 9 000 km de pistes cavalières, 700 aires d’accueil public, sans même parler des nombreuses routes et autoroutes qui passent en plein milieu des forêts.
Chacun de ces chemins couvre plusieurs kilomètres de longueur pour plusieurs de large. Et ne comptez pas uniquement la seule surface de la route, puisque pour la faire, il aura fallu raser de nombreux arbres des deux côtés, et pour l’entretenir, ces espaces restent "gérer", c’est à dire régulièrement fauchés.
Et si ce n’était que ça ! Car même si l’on parle de simple sentier, notre simple présence va faire fuir de nombreux animaux à plusieurs mètres à la ronde. Si c’est un groupe qui avance, ce sera plusieurs dizaines de mètres, mais le summum reste nos véhicules qui vont faire fuir de nombreux animaux à plusieurs centaines de mètres. Les rares animaux qui oseront braver leur peur finiront bien souvent leur vie sous nos roues, sans plus de cérémonie.

Alors, si l’on prend une carte d’une forêt, par exemple la forêt de la Hardt en Alsace, on pourrait croire à une grande et vaste forêt.
En se rapprochant un peu, on réalise que de nombreuses routes et autoroutes passent dans la forêt, ce qui morcelle déjà énormément la forêt, puisque ces axes sont quasiment impraticables vu le flux de la circulation.

Tu rajoutes les voies vertes (qui sont des chemins goudronnés, rappelons le), les nombreux parcours, les sentiers, sans oublier les hors pistes, celles et ceux qui vont aller en dehors des sentiers, chasseurs, cueilleurs de champignons, promeneurs, aventuriers, j’en passe et des meilleurs, mais avec tout ça, au final, potentiellement, la faune sera souvent dérangée, la flore toujours piétinée.
Certes, bien sûr, selon les chemins, la fréquentation sera plus ou moins élevée. Mais tout de même.

Peut-on encore parler de forêt quand elles sont si malmenées, exploitées, dérangées ? Lambeaux de forêts ou reliquats de forêts me semble bien plus approprié comme terme, et le processus ne semble pas s’arrêter, bien au contraire, preuves avec les agents ONF qui dénoncent les pratiques de plus en plus industrielles, et des arbres vendus aux plus offrants, dont la Chine.

Votez :
Date de rédaction : 24 février 2019

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?